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Précisions sur la dimension cachée du religieux au Québec

par corbeau, dimanche 02 août 2020, 09:42 (il y a 1363 jours) @ corbeau

Un deuxième extrait du texte Vers une convivialité possible? Les croyants au Québec aujourd’hui
Par : Deirdre Meintel
https://cjf.qc.ca/vivre-ensemble/webzine/article/vers-une-convivialite-possible-les-cro...

"L’invisibilité relative du religieux au Québec

La recherche souligne la grande diversité de ressources religieuses disponibles aux Québécois. La plupart des nouveaux lieux de culte – dont 800 ont été répertoriés à Montréal par Annick Germain[5] et ses collègues en 2003 – accueillent des congrégations évangéliques ou des groupes non chrétiens. Alors que les premières concernent surtout des immigrants d’origine africaine, haïtienne, latino-américaine ou philippine: les seconds incluent des bouddhistes Vietnamiens et Chinois, des musulmans nord-africains, moyen-orientaux et Pakistanais, des hindous de l’Inde et du Sri Lanka, etc. Dans certains secteurs de la ville, on observe une grande densité de lieux de culte. Sur une même rue dans le secteur Côte-des-Neiges, on peut trouver une synagogue ashkénaze hongroise, deux petites mosquées, une pagode, une église adventiste et une église pentecôtiste très proches les unes des autres.

Cependant, un grand nombre de lieux de culte sont peu visibles dans le paysage urbain, parce que les contraintes économiques obligent des groupes à occuper des espaces privés[6] ou loués (des congrégations spiritualistes ou évangéliques immigrantes). D’autres groupes encore se rencontrent discrètement dans des jardins publics, notamment ceux caractérisés par des spiritualités centrées sur la Nature, dont les druides, les wicca et ceux d’inspiration autochtone. En règle générale, les groupes qui louent des espaces pour leurs cultes peinent à en trouver à prix abordable, surtout pour les groupes d’immigrants. Des congrégations de catholiques tamouls, de pentecôtistes congolais et aussi de musulmans nord-africains touchés par notre enquête ont vu leur tentative d’acheter des lieux de culte bloquée par des propriétaires ou des voisins craignant un excès de bruit et de circulation.

À ces difficultés s’ajoute la réticence généralisée des Québécois natifs majoritaires (anglo ou franco) à dévoiler à leur entourage leurs pratiques et fréquentations religieuses. Beaucoup redoutent le ridicule, surtout s’ils sont affiliés à des groupes plus marginaux. D’autres de professions libérales craignent de « scandaliser » leurs clients. En général, nous observons un tabou social à propos des croyances et pratiques religieuses (ou spirituelles). Nous croyons même que cette grande discrétion s’étend aussi à des catholiques pratiquants.

La religiosité des natifs majoritaires demeure donc peu visible, tout comme celle de beaucoup d’immigrants. De plus, des croyants musulmans, catholiques ou autres ne fréquentent aucun groupe. Autrement dit, le bassin de croyants est beaucoup plus grand qu’on ne le pense, si on élargit la définition de « croyants » au-delà de la notion de fréquentation hebdomadaire d’un lieu de culte des grandes traditions religieuses classiques pour y inclure tous ceux qui croient à une forme de transcendance et qui la recherchent à travers la fréquentation de groupes définis comme spirituels, religieux ou de développement personnel.

Qui plus est, la diversité religieuse rencontrée sur le terrain ne correspond pas à l’image habituellement présentée dans les médias où l’attention est typiquement centrée sur certains « signes ostentatoires » de minorités religieuses immigrantes (le voile islamique, le kirpan sikh)[7]. Tout en reconnaissant l’apport des immigrants à la diversité religieuse, il importe de souligner celle qui existe au sein même de la majorité sociale. Dans la recension des 137 groupes religieux effectuée à Sherbrooke par Lorraine Derocher[8], un seul est de composition immigrante tandis qu’une quarantaine sont des catholiques; tous les autres représentent des groupes d’installation relativement récente sur le territoire et sont fréquentés principalement par des gens nés au Québec. Ainsi, la réelle diversité religieuse québécoise semble être autant, voire davantage, le fait des natifs que des immigrants.Par ailleurs, nous constatons plusieurs points de convergence dans les comportements religieux ou spirituels des Québécois, peu importe leur confession, fréquentations ou pratiques religio-spirituelles."

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